Depuis le 11 décembre dernier, le Jardin zoologique du Muséum de Besançon abrite une nouvelle petite pensionnaire, une femelle Propithèque couronnée prénommée Soa, qui signifie « précieux » en malgache. Une naissance porteuse d’espoir pour cette espèce de lémuriens endémique de Madagascar, particulièrement menacée.
Les Propithèques couronnés (Propithecus coronatus) sont très rares en captivité. Seuls 7 parcs zoologiques au monde (6 européens et 1 malgache) accueillent cette espèce, représentant fin 2018 une population de 20 individus dont seulement 6 femelles (l’une étant trop âgée pour se reproduire), ce qui renforce le caractère exceptionnel de la naissance intervenue au Muséum de Besançon.
Le Muséum de Besançon s’est spécialisé au cours de ces dernières années dans la reproduction d’espèces rares et menacées. Rappelons que 70 % des espèces présentées au Jardin zoologique sont élevées dans le cadre de programmes d’élevage européens ou internationaux (EEP), créés pour la sauvegarde des espèces animales en danger. Au cours des dernières années, le Muséum a ainsi acquis auprès des établissements zoologiques à l’échelle mondiale, une solide réputation en la matière.
Le Muséum participe activement à la conservation des Propithèques couronnés depuis 2002, date à laquelle il a accueilli les premiers individus en provenance du Zoo de Vincennes (gestionnaire du programme de sauvegarde en captivité de l’espèce). Aujourd’hui, le Muséum présente une famille composée d’un couple reproducteur : Eridan le mâle âgé de 21 ans, et Raozy, la femelle âgée de 4 ans (les propithèques peuvent vivre jusqu’à 20 ans dans la nature et jusqu’à 30 ans en captivité).
A sa naissance, la petite propithèque couronnée pesait 73 g. Au bout de 2 jours, les équipes du Muséum ont constaté un affaiblissement préoccupant de la petite qui ne semblait pas parvenir à téter sa mère. Il a donc été décidé de mettre en place un
protocole d’élevage à la main, recommandation donnée par le coordinateur du
programme d’élevage européen de l’espèce. Le coordinateur de l’EEP est chargé d’assurer la pérennité d’une espèce donnée par le maintien d’une diversité génétique suffisante au sein des groupes d’animaux préservés en établissements zoologiques. Ses recommandations de reproduction, de conditions d’élevage, de transferts, etc. doivent alors être suivies scrupuleusement par chaque établissement. Cette décision d’élevage à la main est extrêmement rare car cela conduit généralement à l’imprégnation des
animaux, ce qui peut entraîner des désordres comportementaux. Pour cette petite femelle née à la Citadelle c’était une impérieuse nécessité. En effet, la petite propithèque couronnée représente un grand espoir pour la pérennité de la population en parcs zoologiques, où la plus jeune des femelles (elle aussi à la Citadelle) est aujourd’hui déjà âgée de 4 ans.
Les équipes du Muséum se relaient jour et nuit pour donner à la petite ses 9 biberons quotidiens (toutes les 2 h à 2 h 30 en journée et toutes les 3 h la nuit). Accrochée à une peluche, qui joue le rôle de sa mère de substitution le temps des tétées, bien au chaud dans une couveuse pour nourrisson, la petite propithèque couronnée absorbe chaque jour 18 à 20 % de sa masse d’un mélange spécifique de laits lui permettant d’accroître son poids de plus de 2 % par jour. Elle pèse aujourd’hui 266 g.
Il est à noter que les premiers mois de vie de cette espèce fragile sont considérés comme critiques. La viabilité de la petite femelle ne peut, pour l’heure, être garantie malgré les bons soins prodigués. La petite propithèque couronnée reste sous étroite observation par les équipes animalières, qui veillent à son bon développement et à sa bonne santé.