La Bourbansais, c’est un héritage qui se transmet depuis maintenant 19 générations. L’aventure touristique moderne débute dans les années 60 avec les animaux et se poursuit aujourd’hui avec une multitude de projets. Rencontre avec Olivier de Lorgeril, propriétaire et gérant du lieu, qui nous livre les secrets de son foyer.
Un patrimoine vivant Il existe de nombreuses traces décelables d’activités humaines depuis l’antiquité, mais l’histoire du site tel qu’on le connaît aujourd’hui débute en 1583. A cette époque la Bretagne était déjà rattachée à la France et laissait derrière elle des années de guerre tantôt avec les anglais, tantôt avec les français. L’architecture des bâtisses seigneuriales avait alors une vocation militaire. En cette période relative de paix, messire Jean du Breil qui a vu son manoir de la Roche-Colombière ravagé par les guerres de la Ligue, décidait de construire une demeure confortable et agréable à la Bourbansais.
Olivier de Lorgeril est le descendant direct du fondateur de la Bourbansais. Ainsi le domaine n’a pas changé de propriétaire depuis se création et le site est habité par la 19ème génération. La famille entreprenait régulièrement des travaux pour entretenir et rester dans l’air du temps.
Elle a compté beaucoup de militaires, notamment des officiers de marine, c’est pourquoi il est possible encore aujourd’hui d’admirer des chinoiseries rapportées de diverses campagnes. Du 18ème au 19ème siècle, les membres de la famille de Lorgeril suivaient une carrière politique au parlement de Bretagne. Durant cette période, de nombreux parlementaires bretons se retrouvaient à la Bourbansais, des travaux avaient été entrepris pour créer des pavillons et jardins afin de recevoir dignement tous les dignitaires.
Jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale les revenus provenaient de la gestion foncière du domaine, le site comportant 4000 hectares de terre, et de revenus industriels. Et dans le début des années 60 débutait l’aventure touristique avec les grands-parents d’Olivier.
Une aventure entrepreneuriale innovante La grand-mère d’Olivier avait une sœur qui voyageait beaucoup, elle rapportait de ses voyages des images rares d’animaux sauvages des 4 coins du globe. Sa grand-mère, passionnée d’animaux sauvages, était mariée à un breton très attaché à ses terres et peu enclin aux voyages. A défaut de pouvoir aller contempler les spécimens dans leur milieu, elle décida avec l’aide de sa sœur, de faire venir ces animaux sur le domaine pour constituer une collection privée. Au début des années 60 les zoos sont encore assez rares, et la télévision présente dans très peu de foyers. La présence seule des animaux a suffit pour que des curieux viennent les admirer sur le domaine familial, qui ouvre volontiers ses portes. La propriétaire eut un jour l’idée de mettre une urne pour participer aux frais d’entretien des espèces présentées. Le premier soir en découvrant la recette, elle alla voir son mari pour lui expliquer qu’une journée de visite rapportait plus qu’un mois des revenus fonciers. Le père d’Olivier reprend assez vite le flambeau dans les années 60, début des années 70. Sous son impulsion l’aventure touristique démarre avec une véritable billetterie et l’ouverture des communs du château. Olivier grandit dans le domaine et participe dès l’enfance aux tâches en tondant la pelouse ou en s’occupant des animaux. Il reprend la suite en 1990 après des études de droit. Il consacre 5 ans pour apprendre le métier dans son ensemble et pour investir dans la remise à niveau du zoo. Puis à la fin des années 90, Olivier développe les spectacles animaliers et une partie divertissement.
Une grande responsabilité Pour Olivier, la gestion du site va bien au-delà d’un métier. Il s’agit de poursuivre l’aventure familiale, de vivre sur les terres de son enfance et de transmettre la suite à ses enfants. Il espère que l’un de ses 4 enfants reprendra le flambeau. En attendant il continue de mener la barque familiale dans l’aventure touristique. Olivier entame sa 26ème saison, emploie 7 salariés à l’année et accueille en moyenne 150.000 visiteurs par an.
La Bourbansais offre une diversité d’expériences pour le public :
Culturel : avec la visite du château, des jardins à la française et du jardin potager
Vivante : avec le parc animalier et les spectacles de meute et de fauconnerie
Divertissante : avec des festivals, une aire de jeux et un labyrinthe de maïs
Pour Olivier, la démocratisation de la culture est un défi à relever. Le site s‘adresse à toutes les catégories sociaux professionnelles et tous les âges. L’objectif est d’offrir différents niveaux de lectures pour raccrocher les expériences ludiques à l’histoire.
Sur le plan zoologique, outre le divertissement les parcs animaliers ont 3 missions primordiales :
Mission pédagogique
Mission scientifique
Mission de conservation
La Bourbansais est très attachée à ses missions et œuvre beaucoup sur la partie conservation. En reproduisant des espèces rares et en voie de disparition, le site participe à la protection de la nature et à la conservation des espèces animales en dehors de leur milieu naturel.
Cette année le parc présente des panthères nébuleuses (Néofelis nebulosa), c’est le 12ème programme d’élevage européen (EEP) auquel le zoo participe. Cette sous espèce de panthère est rare dans les parcs français. Il a fallu deux ans de projets et de nombreux échanges pour obtenir deux spécimens femelles. Un mâle viendra par la suite compléter le groupe pour développer la reproduction.
Un espace a été spécialement conçu pour accueillir ces animaux qui aiment se cacher. La réglementation impose aujourd’hui d’avoir un lieu de retrait pour que les animaux puissent se soustraire à la vue du public. Un système vidéo permettra d’observer les panthères sans les gêner, et le public sera sensibilisé aux problématiques propres à l’espèce.
La pérennité par la créativité Le secret de la longévité passe par la régularité dans la nouveauté et l’originalité. Les investissements doivent être réfléchis pour préserver la stabilité financière de l’entreprise. La participation aux EEP permet d’intégrer des espèces rares qui dynamisent l’attractivité du lieu. C’est une dynamique vertueuse sur tous les plans. Olivier fait toujours en sorte de choisir des animaux dont l’espèce est en danger dans la nature, attrayants et qui puissent se plaire dans les espaces aménagés du parc. Pour la branche spectacle, les numéros sont revus tous les ans. Le spectacle de meutes est présenté 2 fois par jour pendant 20 minutes sur la saison estivale. Un nouveau tableau avec des chiens de berger viendra enrichir le spectacle de chiens de chasse. Sur la partie fauconnerie, différentes espèces et différents moments se sont greffés au fil des années : vol des cigognes, curée des vautours et depuis quelques temps des vols de pigeons. Pour les pigeons, l’idée est venue lors de la soirée des 15èmesRencontres du SNELAC au Parc du Petit Prince.
Parmi les nombreux projets à moyen et long terme, nous pouvons citer la création de plaines asiatiques et africaines avec l’accueil de Rhinocéros blancs ou de grands primates. La création d’un mini parc d’attractions spécifiques pour les enfants jusqu’à 10 ans. La rénovation de la basse cour en lien avec l’architecte des bâtiments de France. La restructuration de l’espace restauration entre un espace snacking et un restaurant. La réflexion sur de l’hébergement insolite sur la période estivale. Les projets ne manquent pas et la famille propriétaire pourra transmettre ce patrimoine aux générations futures. C’est toute la force du site d’être habité par l’âme d’une lignée familiale de passionnés et de gestionnaires aguerris. La Bourbansais est un bel exemple de l’alliance loisirs et culture.
Le SNELAC remercie Olivier de Lorgeril pour cet entretien.